18 Janvier
Aujourd’hui c’est la rentrée, après le Martin Luther King Day hier (le campus s’est enfin rempli d’étudiants pâlichons et de leurs parents angoissés avec une voiture pleine de PQ et de pâtes. Universel je suppose)
Et c’est une rentrée pleine de surprises pour moi, dans ce grand campus Américain. Les étudiants Américains sont plutôt indépendants vis-à-vis de leurs parents, car ils ont pratiquement tous souscrit un prêt pour payer l’université. C’est comme ça que le système fonctionne ici, rare sont ceux qui commenceront leur carrière sans avoir plusieurs dizaines de milliers de dollars à rembourser à une banque. D’un côté cela permet au plus grand nombre d’obtenir un diplôme, mais d’un autre … quelle pression sur ces pauvres diplômés!!
C’est vraiment quelque chose qui me choque ici, en entendant les conversations d’étudiants entre eux, de comprendre que la grosse préoccupation pour la plupart n’est même pas de réussir leurs études, mais déjà d’arriver à les financer. Certains jonglent entre 2 ou 3 jobs étudiants et prennent des cours du soir, d’autres accumulent les bourses, et malgré cela j’en ai entendu qui ne pensaient pas pouvoir payer leur dernier semestre de cours !
En plus de cette pression financière, le département compta’ de Canisius, toujours le cœur sur la main, pénalise de $300 tout retard de paiement.
Parmi les jobs disponibles sur le campus, ma coloc’ est Residence Assistant, RA, une sorte de chaperonne chargée de faire respecter les règles (voir ci-dessous) et de garantir une certaine ambiance dans notre résidence. Tâche plus difficile qu’il n’y parait car nous vivons dans de confortables appartements de 3 ou 4 lits et non pas dans des minuscules chambres.
Tout a l’heure elle découpait des bonhommes de neige géant dans du papier coloré à afficher dans les couloirs, et des « welcome back » sont déjà collés un peu partout. Elle doit également organiser un événement mensuel, et cherche en ce moment des idées. Oui, elle est payée à faire ça, chose qu’on n’imagine pas en France, mais il y a tellement de choses que l’on n’imagine pas en France.
Règlement de Canisius :
- pas le droit d’être dans la même pièce qu’une bouteille d’alcool pour les moins de 21ans
-pas de garçon dans l’appart après 1heure du matin en semaine et 3h en week-end
-pas le droit de rester pendant les vacances
-pas le droit de toucher le chauffage
Plus bien d’autres à découvrir encore je pense.
Au-delà de la vie étudiante, l’argent est bien sûr présent dans tous les esprits et prêt à en sortir à tout bout de phrase. C’est un cliché Américain, mais c’est bien vrai. « Que veux-tu faire plus tard ? » « Travailler au Moyen-Orient » « Hum, et pourquoi ? » « Parce que c’est là-bas qu’est l’argent. »
J’ai entendu ça pendant 2h de cours aujourd’hui. Oh bien sûr c’est pareil partout, en France aussi, je ne suis pas naïve, on le dit simplement moins.
Mis à part cette tendant à me demander souvent « Can you make good money back in France ? » ce à quoi j’ai envie de leur répondre ça « ben c’est quoi cette question ? Bien sûr si t’es pas lapin-crétin t’arriveras à t’en sortir, comme partout, sinon tu finiras au moins au RSA, ce qui est déjà mieux que chez toi», mes camarades de classe sont sympas.
Ils arrivent très tôt en cours, tous en polaire North Face (sponsor quasi-officiel de Canisius) ne bavardent pas entre eux, ne prennent pas forcément de notes non plus, mais globalement ils sont studieux, ce qui est logique vu que c’est leur argent. Pour l’instant, Management Comparatif et Finance Internationale, c’est peu mais si on rajoute les 24 pages à lire (et à traduire !) avant le cours, on arrive à du temps-plein.
Mes autres cours sont des « night class » de 18h à 19h45, des cours du soir, si on considère que le diner se fait à 17h. Je suis parmi les plus jeunes, et l’ambiance est vraiment différente, mais pas désagréable. On sent juste plus de maturité, et personne ne vient en jogging ou en pyjama !
J’ai testé le four d’antan, qui fonctionne à condition que l’on n’oublie pas de convertir les degrés Fahrenheit en Celsius. (Duh, à imaginer avec un air niais !) Parce que 200° F ne font que 93°C (c’est simple, enlevez 32 et divisez par 1.8) et que le gâteau peut mettre longtemps à cuire. Le temps que les invités s’en aillent enfait (non je rigole, j’ai quand même percuté à un moment dans la soirée !)
Notons que la conversion s’applique aussi pour les distances. J’essaierai d’y penser à la salle de gym la prochaine fois que je lance le tapis roulant à 10mph en pensant à 10km/h alors que ça fait du 16 .09km/h. Grosse découverte : je ne savais même pas que je pouvais sprinter sans me vautrer sur le tapis !
Pendant que j’écris cet article, ma machine tourne dans la laverie, et je sais exactement combien de temps il me reste grâce à ce formidable outil : http://www.laundryview.com/laundry_room.php?lr=1712874
Dominez la technologie, ou bien c’est elle qui vous dominera ! 23 minutes restantes donc, avant d'aller chercher mes leggins, pulls, sous-pulls, vestes, écharpes et chaussettes en laine, ce qui me laisse juste le temps de faire un appel désespéré : comment humidifier l’atmosphère ? J’ai pensé acheter des plantes, car l’option bouillir de l’eau n’est pas écologiquement viable. (Pas de radiateurs ici)
Le problème devient sérieux puisque le matin j’ai à eu près la même coiffure afro qu’en maternelle quand je quittais cette adorable cagoule en laine tricotée. Vous serez d’autant plus sensible à ma détresse si vous aussi, où que vous soyez en ce moment, vous vous prenez des joutes monumentales 10 fois par jours. Déprimant !
Je vous laisse sur une note joyeuse: les devoirs m'appellent!
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